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Création et histoire ancienne

            Le quartier de la Croix-Bouthier, est, aujourd’hui, une zone de frontière entre les communes de Varennes-sous-Dun et La Clayette. Ce ne fut toutefois pas toujours le cas. Jusqu’à la Révolution française, La Clayette était une dépendance de Varennes, même si cela faisait plusieurs siècles que son influence était de plus en plus forte, et celle de Varennes, de plus en plus faible. La séparation des deux entités après 1789, fit que la Croix-Bouthier devint une frontière.  Nous ne nous attarderons pas plus sur la situation du quartier car ceci n’est pas l’objet de notre étude. Il est temps de nous intéresser de plus près à la chapelle de Notre-Dame de Pitié, plus connue sous le nom de Chapelle de la Croix-Bouthier.

 

            Même s’il y a quelques zones d’ombres, l’histoire et la création de la chapelle sont relativement connues. Au XVe siècle, un certain Botier, serait tombé (on ne sait pas très bien s’il en est mort ou non) à l’emplacement de l’actuelle chapelle. Sa famille aurait alors érigé une croix en sa mémoire, puis, plus tard, une chapelle. La famille Botier était alors une famille de notables de La Clayette, on trouve leur trace, sous différents noms, jusqu’à la Révolution. On trouve une référence à « Jean Botier et sa femme » en 1520, donc un écrit mentionnant la construction de la chapelle. Un écusson est gravé sur une clé de voûte présente dans le sanctuaire, il représente, un cœur entre deux flambeaux et les initiales du constructeur de la chapelle : JB. Construite au début du XVIe siècle, la chapelle est placée sous le vocable de Notre-Dame de Pitié. Le nom de « chapelle de la Croix-Botier » à plusieurs fois était modifié pour en arriver à celui que nous connaissons aujourd’hui. En 1655 on trouve mention de la « Croix Boitier », en 1706 de la « Croix Boithier », et, enfin, en 1720, de la « Croix Bouthier ».

            La Semaine Religieuse d’Autun, du 29 novembre 1924, nous en apprend un peu plus sur l’architecture de l’édifice, avant les travaux des années 1920.  Il est indiqué par l’auteur que la chapelle est dans « le style rural du XVe siècle », toutefois, étant donné, encore aujourd’hui, la présence de fenêtres de style gothique flamboyant, nous avons une idée plus précise du style architectural de l’époque.  La nef, carrée, avait un plafond lambrissé de sapin et était séparée du sanctuaire par un arc en pierre de taille. Le chœur, rectangulaire, était voûté en croisée d’ogives.

            Au fil du temps, la chapelle a acquis une importance de plus en plus grande, et a dépassé son statut de simple chapelle commémorative.  En effet, on trouve trace d’un certain nombre de dévotions, donations et pèlerinages au cours des siècles. Par exemple, on trouve trace, en 1642, d’une donation de Jeanne De molles, veuve Circaud. Cette dame fit don de 6 livres tournois pour la célébration d’une messe les premiers samedis de chaque mois et la veille de l’Assomption. Il n’est pas précisé la durée de la donation, toutefois, il est avéré que la rente était toujours payée par la famille de cette femme en 1723. La famille De Noblet fut toujours importante pour le bien de la chapelle, en effet, elle fit plusieurs donations et fondations de messes. En 1719, Bertrand de Noblet, alors Seigneur de La Clayette, pris la décision de fonder quarante messes, grâce à une rente de 20 livres. De plus, contre l’autorisation de présenter lui-même le chapelain à l’évêque, il prit à sa charge les frais d’entretien de l’édifice. L’année suivante, il fonda également sept messes et sept vêpres. Le 19 janvier 1794, la chapelle fut fermée par ordre du Conseil de surveillance, parce qu’elle servait de retraite à des fanatiques. Après la Révolution, la famille De Noblet décida de racheter la chapelle afin de la rendre au culte.

           La Chapelle de la Croix-Bouthier connut un ultime moment de grâce sous l’Ancien-Régime avant d’être dévastée durant la Révolution. La visite de l’évêque de Mâcon en 1746 fut un moment important de l’histoire de l’édifice. Cette visite eut lieu dans le cadre d’une visite générale du diocèse réalisée par l’évêque. Il fut accueilli par le curé de la paroisse de Varennes. Sur le déroulement exact de la journée nous avons assez peu d’informations, toutefois, elle a permis de dresser un inventaire du mobilier de la chapelle et de ses caractéristiques architecturales. En lisant le résumé de l’évêque, on peut se rendre compte, que, déjà avant la Révolution, la chapelle n’était pas dans un état très reluisant. Il ne semblait pas y avoir un mobilier extrêmement fourni, un calice avec « sa patène d’un poids médiocre » était l’unique vase sacré de l’édifice.  L’autel principal était revêtu d’un devant d’autel en satin rayé et déjà bien usé, on trouve également sur l’autel, une nappe et deux sous-nappes. Sur le dessus du maître-autel, deux gradins de bois, un tapis de toile peinte, une nappe et quatre chandeliers et une croix de cuivre argenté « très propres et d’un poids au-dessus du médiocre ». Dans la zone, se trouvait également un tableau en bois peint, partiellement effacé représentant le Christ, descendant de la croix. Dans la nef, se trouvait une petite statue de la Sainte Vierge, en bois, couverte de deux voiles. Toujours dans la nef, se trouvait un autel dédié à Saint-Blaise, et à côté de celui-ci, un tableau, presque neuf, représentant, en corps, une femme de la campagne implorant Saint-Blaise pour la guérison de son mal de gorge, ainsi qu’une tête de bœuf, Saint Blaise étant connu pour pouvoir guérir les maux de gorges, ainsi que les maladies des animaux. Il est intéressant de noter que pour l’évêque, ce tableau était presque indécent, parce qu’il représentait la femme en corps, ce qui n’était pas à son goût. On trouve également une lampe de d’argent et une petite lampe en étain dans le chœur et une autre lampe en étain dans la nef. A la lecture du compte-rendu de l’évêque, on se rend compte du mobilier assez réduit et assez peu onéreux de cette petite chapelle de campagne.

          Le résumé épiscopal est aussi assez précis sur l’architecture de l’édifice. On apprend qu’à l’époque la chapelle est constituée de deux parties, le chœur, et la nef.  Le chœur était voûté en pierre, éclairé par deux croisées de vitres. Selon l’évêque, les murs intérieurs du chœur étaient en mauvais état et semblaient souffrir. Il était séparé de la nef par un arc en pierre, garni d’une balustrade en bois. La nef mesurait 25 pieds de longs sur 18 de large. Elle était lambrissée en bois de sapin, au sol, elle était carrelée, le carrelage était en mauvais état puisqu’il fallait remplacer des carreaux en plusieurs endroits. Elle était éclairée par des vitraux dont un certain nombre étaient cassés, en plus, il y avait des fentes dans les murs. Des deux portes du bâtiment, la plus grande des deux était en mauvaise état. Pour finir, l’évêque dresse un petit bilan de l’extérieur de la chapelle. La petite cloche du clocher était « bien sonnante », toutefois il est précisé que les murs extérieurs de la chapelle étaient également en mauvais état, spécialement ceux du chœur, et que la couverture en tuiles plates a énormément souffert, cette fois-ci, surtout au-dessus de la nef. Comme on peut le lire, la situation de la chapelle avant la Révolution française n’était pas reluisante, cela ne changera pas durant le XIXe siècle, il faudra attendre le XXe et le XXIe siècle pour qu’il y ait de gros changements concernant la Chapelle Notre-Dame de Pitié de la Croix Bouthier.

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